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• 1636; de en- et rad. de grève, gravier♦ Échouer (une embarcation) sur un fond de sable, de gravier. ⇒ ensabler. — P. p. adj. Péniche engravée. Pronom. « Sur la Loire on craint de manquer d'eau et de s'engraver » (Stendhal). ⇒ s'ensabler.I.⇒ENGRAVER1, verbe trans.Vx. Synon. de graver. Une tête d'homme de la Nouvelle-Zélande, sans autre ornement que les tatouages qui l'ont engravée comme des hiéroglyphes (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 205). Des feuilles d'ardoise engravées d'images bizarres (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 82). Les cartouches engravées sur le fût des colonnes et dans le pronaos (DU CAMP, Hollande, 1859 p. 195).Rem. Ce verbe ne s'emploie guère qu'au part. passé. On trouve également ds la docum. engravé, ée, adj., vx. Ces inscriptions engravées et oxydées que l'investigateur patient et sagace voit peu à peu se reconstituer sous des bains successifs (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 146).— Emploi pronom., au fig., vx. La reine (...) prononça ces hautes paroles, lesquelles, pour à tout jamais, s'engravèrent dans le cœur du prince (D'ESPARBÈS, Roi, 1901, p. 69).Rem. La docum. atteste engravure, subst. fém., construction. Petite tranchée pratiquée dans la maçonnerie pour y enfouir le relief du zinc, et que l'on remplit de mortier. Le fond [des bandes d'appui est] (...) engagé dans une tranchée appelée « engravure » remplie en plâtre ou en ciment (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 66).Prononc. :[
], (j')engrave [
]. Étymol. et Hist. 1. 1438-39 « graver; pourvoir de rainures » aiz engravees (Compt. de G. Charcot, Arch. Côte-d'Or, B 2392 ds GDF.); 2. 1864 « clouer par l'extrémité (une bande de plomb) » (LITTRÉ). Dér. de graver; préf. en-. Fréq. abs. littér. :5.
II.⇒ENGRAVER2, verbe trans.A.— [En parlant d'un bateau] Faire échouer (son bateau) sur un banc de sable ou de gravier. (Quasi-) synon. ensabler. Ce batelier maladroit engrava son bateau (Ac. 1798-1932).— Surtout au passif. Le lit du Rhin est obstrué de bancs de sable; nous voilà engravés (HUGO, Rhin, 1842, p. 283). Des mâts de galères engravées dans le sable (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 408). La petite gare du canal de Suez avec son bureau-vigie, avec son mât et son gréement ressemble à un vaisseau engravé, qui ne partirait jamais (MORAND, Route Indes, 1936, p. 93).♦ P. métaph. [En parlant de choses] Les maisons basses sont engravées dans le sable comme des barques échouées (MORAND, Air indien, 1932, p. 224). [En parlant d'une pers.] Synon. échoué, enlisé. Un élève en diplomatie ne pouvait pas rester engravé dans la situation où il se trouvait (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 271).— Emploi pronom. Notre bateau qui ne tire pas deux pieds d'eau trouve le secret de toucher et de s'engraver un instant (STENDHAL, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 57). Le « Latif », bateau égyptien, s'est engravé (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p. 121).♦ P. métaph. [En parlant d'une pers.] :• 1. Joli remorqueur qui s'engrave bêtement, car, s'il empruntait pour parvenir, s'il s'endettait pour avoir festoyé des députés, pour obtenir des voix et augmenter son influence, je lui dirais : « Voilà ma bourse, puise, mon ami! » mais payer les folies du papa, des folies que je vous ai prédites!BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 281.— Emploi intrans. [Le suj. désigne le bateau ou son équipage] La chaloupe engrava (Ac. 1798-1932). Comme le Nil est maintenant à son plus bas, nous engravons souvent, ce qui n'accélère pas notre voyage (FLAUB., Corresp., 1850, p. 212).B.— [En parlant d'un lieu] Couvrir, remplir de gravier, de sable. Synon. ensabler.— Emploi pronom. [En parlant d'un lieu] Être envahi par le sable, le gravier. La digue (...) empêchera le port de s'engraver (MICHELET, Journal, 1848, p. 267). Le Canal, négligé, s'engrava, les marchandises durent être transportées par caravanes et les chameaux remplacèrent les barques (MORAND, Route Indes, 1936, p. 117) :• 2. Ce pauvre port de Dieppe est bien déchu. Il est peut-être le plus amoindri de nos ports de la Manche qui tendent tous à s'engraver.HUGO, France et Belgique, 1885, p. 150.Rem. La docum. atteste l'emploi adj. du part. passé engravé, ée. Elle [la roue] est large et bien engravée mais j'ai encore les dérapages de tout à l'heure dans les fesses (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 99),Prononc. et Orth. :[]. Mais [
] post. comme var. ds PASSY 1914. (J')engrave [
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIIe s. trans. « engager, tirer (un navire) sur le sable » (Sone de Nansai, 3883 ds T.-L.); 2. 1817 « ensabler » (CAPPEAU, De la comp. des Alpines, etc., Aix, p. 106 ds LITTRÉ). Dér. de grève; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 9.
1. engraver [ɑ̃gʀave] v. tr.ÉTYM. 1438; de en-, et graver.❖1 Vx. ⇒ Graver.2 (1617). Techn. Entailler (le plomb d'une gouttière, d'une lucarne). — (1864). Clouer par l'extrémité (une bande de plomb).————————2. engraver [ɑ̃gʀave] v.ÉTYM. 1636; du rad. de 1. grève, gravier, et suff. verbal.❖———I V. tr.1 Échouer (une embarcation) sur un fond de sable, de gravier. ⇒ Ensabler. — Au p. p. || Péniche engravée.1 Croisons devant cette barre naturelle, élevée par des dépôts de sable, durcie par des carcasses de bateaux engravés ou coulés pour empêcher les escadres ennemies, — notamment les canonnières françaises — de forcer la voie du fleuve.Paul Morand, Rien que la Terre, p. 118.2 Je prends une barque et vais courir le Rhône. Sur la Loire on craint de manquer d'eau et de s'engraver, sur le Rhône on a à se méfier d'un courant terrible et puissant.Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 220.2 (1817). Recouvrir de gravier. || Torrent qui déborde et engrave les terres.♦ Par analogie :3 (…) le métal a été graissé de frais. On n'a même pris ni le soin ni le temps de gratter la rouille ancienne qui l'engravait.J.-R. Bloch, la Nuit kurde, p. 94.———II V. intr. S'échouer sur un fond de sable, de gravier (syn. de s'engraver). || Le bateau engrava à l'entrée du port.❖DÉR. Engravement.
Encyclopédie Universelle. 2012.